Des grands jetés des ballets classiques aux sauts dans le vide de nos quotidiens, il n’y a qu’un pas et beaucoup d’espièglerie.
Jusqu’à l’âge de 26 ans, Silvia Gribaudi était ballerine, et très mince. Puis son corps s’est habillé de rondeurs, et elle a décidé de le redécouvrir à travers le mouvement, et une savoureuse dose d’autodérision. Depuis, la pétillante chorégraphe et performeuse italienne que les scènes internationales s’arrachent s’amuse des codes de la danse en flirtant avec le burlesque. Tchatcheuse, elle apostrophe le public, court-circuite joyeusement les attentes, stéréotypes de genre et critères de perfection, et met toute son impertinence au service d’une libération des corps et des gestes.
Accompagnée ici de dix jeunes interprètes de MM Contemporary Dance Company, compagnie italienne dirigée par Michele Merola, elle promet de revisiter l’une après l’autre les fins de ballets classiques, caractérisés par la figure virtuose (et métaphorique) du Grand Jeté. Un bon prétexte pour de désopilantes glissades aquatiques, quelques considérations bien senties sur nos rapports à l’échec, et une ode incongrue aux nouveaux départs.
En proposant une suite de variations autour d’une figure technique, Sylvia Gribaudi réussit le tour de force de présenter une pièce exigeante qui n’a rien à envier au ballet classique dont elle pirate les codes en créant un espace de réjouissance collective qui sonne comme un appel à libérer nos corps, nos gestes et nos esprits des carcans qui les policent.
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