Alice Carré poursuit un travail d’investigation sur les non-dits de la colonisation et en interroge les effets sur les jeunes générations.
Marina Da Silva, L’Humanité
Ça commence comme une double enquête. Melika, jeune dyonisienne d’origine togolaise découvre que son grand-père a fait partie des tirailleurs dits « sénégalais », ces troupes coloniales engagées aux côtés de la France en 39/45, et fouille les zones d’ombre entourant son décès. Luz, de son côté, s’intéresse à Brazzaville, proclamée capitale de la France Libre entre 1940 et 1944, et met à jour l’implication de sa propre famille.
À force de sauts dans le passé et dans l’espace, Alice Carré fait naviguer six interprètes-danseurs-danseuses de la peau d’un fils de tirailleur mal à l’aise avec son héritage, à celle d’un juge arbitrant sur le sanglant massacre de Thiaroye, ou encore d’un soldat français proche de Vichy. Et interroge au passage la façon dont les « amnésies » de l’Histoire ont colonisé les inconscients collectifs pour se muer en racisme systémique.