Au programme
Le Choeur des C4-CHAM de Creil accompagné par l’Orchestre Ostinato
• The Willow tree tiré du Sprig of Thyme de John Rutter
• Duo des fleurs tiré de Lakmé de Léo Delibes
(retrouvez l’opéra au cinéma de La Faïencerie jeudi 22 mai)
Orchestre Ostinato
• Les quatre saisons d’Antonio Vivaldi
• Primavera Porteña (Le printemps), tiré des Quatre saisons de Buenos Aires d’Astor Piazzola
Structure unique en France, l’Orchestre Ostinato rassemble de jeunes musiciens et musiciennes, élèves des meilleurs conservatoires. Aventure humaine et artistique, cet « orchestre-tremplin » leur offre l’accès à l’excellence, quel que soit leur milieu social d’origine.
Dans le cadre des 300 ans de la parution des Quatre saisons, Pierre Fouchenneret, violoniste virtuose rompu à l’art du joué-dirigé, entraîne l’orchestre dans deux propositions contrastées de l’œuvre. À l’ambiance pastorale du 18e des célèbres concertos de Vivaldi répond l’atmosphère urbaine de la vie à Buenos Aires au 20e siècle par le maître du tango, Astor Piazzolla.
Avec la participation toujours attendue des C4, c’est donc un concert tout en jeunesse et en fraîcheur qui s’annonce !
Un peu d’histoire…
Antonio Vivaldi (1678 – 1741) et Les Quatre saisons op.8
C’est en 1725 qu’Antonio Vivaldi publie Les Quatre Saisons, composées quelques années plus tôt.
Ces quatre concertos pour violon sont dédiés au comte Wenzel von Morzin, qui les a écoutés avec bienveillance avant leur publication à Amsterdam par Michel Le Cène – imprimeur français établi en Hollande ayant également édité des œuvres de Haendel, Quantz ou encore Telemann. Rapidement, le Printemps retient l’attention des musiciens et programmateurs : Le Concert Spirituel, premier organisateur de concerts publics en France, le programme 3 fois entre 1725, année de sa fondation, et 1728, et Louis XV en demande l’exécution en 1730. Plus tard, en 1775, Jean-Jacques Rousseau en réalise une transcription pour flûte, et Corette en fait un grand motet Laudate Dominum à grand chœur. Si l’œuvre connaît un succès important dans les années suivant sa publication, elle sombre cependant dans l’oubli pendant 2 siècles, à l’instar de son compositeur. Vivaldi n’est en fait redécouvert qu’après la Seconde Guerre mondiale.
Les Quatre saisons appartiennent à l’opus 8 du compositeur, qui est un recueil de plusieurs concertos, intitulé « La confrontation entre l’harmonie et l’invention. » Autrement dit, le recueil vise à établir une réflexion sur la liberté créatrice assujettie au respect des règles de la composition. On peut donc y percevoir une opposition quasi philosophique entre raison et imagination.
Chacun des concertos s’organise sous la forme de vif-lent-vif, que Vivaldi fixe pour ce genre musical. En plus des 4 concertos pour violons, 3 autres concertos de l’opus 8 sont des œuvres à programme – comme le Concerto op.8 n°5 La tempête de mer. Vivaldi a en effet placé avant chacune des saisons un sonnet descriptif, avec un renvoi dans la partie musicale. Il n’est pas certain que Vivaldi en soit l’auteur.
L’écriture musicale évoque ainsi tantôt un berger endormi, un chien qui aboie, des chants d’oiseaux comme le coucou ou la tourterelle, des éléments naturels comme un orage, une pluie de grêle, mais aussi des scènes pittoresques comme une fête pour célébrer les récoltes, le grelottement de froid, le sommeil après la boisson…
Cette même année 1725, voit la publication du traité de contrepoint de J. J. Fux, Gradus ad Parnassum, dont l’influence sur la formation musicale est allée jusqu’à Haydn et Mozart. Bach compose son Oratorio de Pacques BWV 249. Londres voit la création de l’opéra de G. F. Haendel Rodelinda et à Paris est créée L’Île des esclaves, comédie de Marivaux.
Astor Piazzolla (1921 – 1992) et Los Cuatro Estaciones Porteñas
Pour les Quatre saisons de Piazzolla (Los Cuatro Estaciones Porteñas), on peut dire qu’elles n’ont pas été pensées par le compositeur comme des saisons au sens météorologique, mais plutôt comme des périodes de vie d’un habitant de Buenos Aires (l’adjectif « porteño » signifie « de Buenos Aires »).
Ces quatre tangos ont été initialement composés entre 1965 et 1970 pour violon, piano, basse électrique, contrebasse et bandonéon. L’orchestre Ostinato en jouera une version pour violon soliste et ensemble de cordes. Cet arrangement tisse un lien plus fort entre les Saisons de Vivaldi et celles de Piazzola, en intégrant des citations de Vivaldi dans la version du XXe siècle… Et comme les saisons sont météorologiquement inversées entre les hémisphères nord et sud, on entendra des citations de l’Automne de Vivaldi lorsque l’orchestre jouera le Printemps de Piazzola.
Sonnet accompagnant l’Été RV 315
Sous la dure saison écrasée de soleil,
homme et troupeaux languissent, et s’embrase le pin.
Le coucou se fait entendre, et bientôt d’une seule voix,
Chantent la Tourterelle et le Chardonneret.
Zéphyr souffle doucement, mais, tout à coup,
Borée s’agite et cherche querelle à son voisin.
À ses membres las, le repos est refusé :
la crainte des éclairs et le fier tonnerre,
Et l’essaim furieux des mouches et des taons.
Ah, ses craintes n’étaient que trop vraies,
Le ciel tonne et fulmine la grêle
Coupe les têtes des épis et des tiges.
Sonnet accompagnant l’Automne RV 293
Par des chants par des danses,
Le paysan célèbre l’heureuse récolte
et la liqueur de Bacchus
Conclut la joie par le sommeil.
Chacun délaisse chants et danses
L’air est léger à plaisir,
Et la saison invite
Au plaisir d’un doux sommeil.
Le chasseur part pour la chasse à l’aube,
Avec les cors, les fusils et les chiens.
La bête fuit, et ils la suivent à la trace.
Déjà emplie de frayeur, fatiguée par le fracas des armes
Et des chiens, elle tente de fuir,
Exténuée, mais meurt sous les coups.
Sonnet accompagnant l’Hiver RV 297
Trembler violemment dans la neige étincelante,
Au souffle rude d’un vent terrible,
Courir, taper des pieds à tout moment
Et, dans l’excessive froidure, claquer des dents.
Passer auprès du feu des jours calmes et contents,
Alors que la pluie, dehors, verse à torrents.
Marcher sur la glace, à pas lents,
De peur de tomber, contourner,
Marcher bravement, tomber à terre,
Se relever sur la glace et courir vite
Avant que la glace se rompe et se disloque.
Sentir passer, à travers la porte ferrée,
Sirocco et Borée, et tous les Vents en guerre.
Ainsi est l’hiver, mais, tel qu’il est, il apporte ses joies.
Sonnet accompagnant le Printemps RV 269
Voici le Printemps,
Que les oiseaux saluent d’un chant joyeux.
Et les fontaines, au souffle des zéphyrs,
Jaillissent en un doux murmure.
Ils viennent, couvrant l’air d’un manteau noir,
Le tonnerre et l’éclair messagers de l’orage.
Enfin, le calme revenu, les oisillons
Reprennent leur chant mélodieux.
Et sur le pré fleuri et tendre,
Au doux murmure du feuillage et des herbes,
Dort le chevrier, son chien fidèle à ses pieds.
Au son festif de la musette
Dansent les nymphes et les bergers,
Sous le brillant firmament du printemps.