Le collectif (LA)HORDE promeut une danse décloisonnée qui transcende genres et générations. Dont acte avec ce programme composé pour les 27 artistes de 16 nationalités du ballet de Marseille.
D’un côté, la partition rythmique et géométrique de Lucinda Childs, avant-gardiste de la Postmodern Dance. À l’autre bout du spectre, la première pièce collective de Lasseindra Ninja, pionnière française de la scène Ballroom créée par la communauté queer racisée américaine. Entre les deux, une danse de groupe aux lignes épurées et accents d’expressionnisme cinématographique de la lisboète Tânia Carvalho. Enfin l’ardente chorégraphie urbaine flirtant avec le théâtre physique de l’irlandaise Oona Doherty, inspirée des attitudes des jeunes exclus de Belfast.
Programme
CHILDS CARVALHO LASSEINDRA DOHERTY
Avec les danseur.euse.s du Ballet national de Marseille
Tempo Vicino de Lucinda Childs – 22min
Chorégraphie et costumes Lucinda Childs
Musique Son of Chamber Symphony – John Adams
Re-création lumières Eric Wurtz
One Of Four Periods In Time (Ellipsis) de Tânia Carvalho – 21min
Chorégraphie et costumes : Tânia Carvalho
Musique Vasco Mendonça, interprétée par Drumming GP : Miquel Bernai, Pedro Oliveira, João Cunha & Rui Rodriguez
Lumières Eric Wurtz
Mood de Lasseindra Ninja – 18min
Chorégraphie Lasseindra Ninja
Musique Maboko Na Ndouzou – Boddhi Satva (main mix) / So Blessed - Djeff Afrozilla (main mix) / Untitled – Vjuan Allure / Gunsong – Heavy K / Throb - Janet Jackson mixé par Gabber Eleganza
Costumes Erard Nellapin, Mugler par Casey CadWallader
Lumières Eric Wurtz
Lazarus by Oona Doherty – 8min
Chorégraphie et costumes Oona Doherty
Assistante chorégraphique Sandrine Lescourant – Mufasa
Regard extérieur Gabrielle Veyssière
Musique Miserere Mei – Deus D’Allegri mixé par Oona Doherty
Lumière Lisa Mary Barry, en collaboration avec Eric Wurtz
Lucina Childs
Née en 1940, Lucinda Childs se passionne dès l’enfance pour la danse et le théâtre. Sa rencontre avec Merce Cunningham décide de son orientation définitive. Elle se lie avec un collectif d’artistes dont Yvonne Rainer, Steve Paxton et Trisha Brown au Judson Dance Theater. Elle entame dès 1963 sa carrière de chorégraphe avec Pastime. À partir de 1968, elle va appliquer une logique de déconstruction au vocabulaire classique qu’elle apprend simultanément et crée sa compagnie en 1973, avec laquelle elle développe un vocabulaire minimaliste de la danse. En 1976, elle interprète les chorégraphies d’Andy de Groat dans Einstein on the Beach, l’opéra de Bob Wilson sur la musique de Philip Glass.
Sur une musique de Philip Glass, Dance, créé en 1979, est son premier ballet collectif d’envergure. Il sera suivi de nombreuses oeuvres en collaboration avec d’autres artistes comme Available Light en 1983, dans les décors de Franck Gehry. Pour le Ballet de l’Opéra de Paris, elle crée en 1984 Premier Orage, et pour celui de l’Opéra de Lyon en 1990, Perfect Stranger. Elle remonte en 2016 pour le Theater Kiel Orphée et Eurydice de Gluck. Lucinda Childs a également recréé il y a dix ans un groupe de jeunes danseur.se.s qui font vivre son répertoire..
Tânia Carvalho
Formée à Lisbonne dans des écoles classiques comme contemporaines, actrice et danseuse, Tânia Carvalho s’affirme en tant qu’artiste dont la volonté de s’exprimer n’est pas restreinte à un seul langage. Toutes ses performances, comme Guintche – The Recoil of Words (2013), Weaving Chaos (2014), Xylographie (2016) ont en commun un souci des lignes, de la structure et de l’espace. Tânia Carvalho oscille fréquemment du domaine de la chorégraphie à celui de la composition musicale. Elle s’affirme en tant qu’artiste dont la volonté de s’exprimer n’est pas restreinte à un seul langage. Ses créations s’aventurent dans les zones d’ombre à l’image de la vivification de la peinture, l’expressionnisme ou encore de la mémoire du cinéma.
Depuis plus de vingt ans, Tânia Carvalho trace son chemin : de façon réfléchie et chaque fois plus pluridisciplinaire. En 2022, le Ballet national de Marseille présentera un programme composé de trois de ses pièces, (re)créées pour les danseur.se.s du Ballet national de Marseille.
Lasseindra Ninja
Lasseindra, mère de la House of Ninja, est née à New-York et découvre la Ballroom Scene de Harlem – dont le Voguing est une composante – à l’âge de 13 ans. Le club « House » lui donne pour la première fois l’image d’un lieu de fête, de création et d’invention de soi, de rencontres et de solidarité majoritairement fréquenté par la communauté noire et queer. Elle arrive en France au début des années 2000 et, constatant l’absence de tels lieux communautaires, elle introduit cette culture à Paris, contribuant largement à faire de la ville la capitale européenne du Voguing. Ce rôle lui vaut aujourd’hui le qualificatif suprême de « Pionnière » sur la scène parisienne.
Le Voguing, dont l’origine remonte aux années 1930, naît de la communauté noire transgenre qui se fédère en parallèle des concours de beauté dédiés aux canons de la féminité blanche, mais ce n’est pas au départ une danse féminine. La danse, qui à l’origine reproduit les poses canoniques des couvertures de magazines, évolue très vite, se diversifie et se subdivise en une multitude de sous catégories, dans lesquelles chaque personne est libre de s’inventer. Lasseindra Ninja performe le Vogue Fem, soit une version à la fois féminine et puissante du Voguing.
Oona Doherty
Irlandaise, Oona Doherty a étudié à l’école de danse contemporaine de Londres, à l’université d’Ulster et au conservatoire de LABAN à Londres. Elle crée, collabore et se produit depuis 2010 au niveau international, avec des compagnies telles que TRASH (Pays-Bas), Abattoir Fermé (Belgique), Veronika Riz (Italie), Emma Martin/United Fall (Irlande), Enda Walsh & Landmark Productions (Irlande).
Tout en étant depuis 2016 artiste du Metropolitan Art Center de Belfast et du programme REVEAL de Prime Cut Productions, Oona Doherty présente ses propres chorégraphies en tournée, dont sa dernière pièce Lady Magma. Elle remporte de nombreux prix internationaux, notamment pour ses pièces Hope Hunt and the Ascension into Lazarus ou Hard to be Soft – A Belfast Prayer. Son travail, fortement inspiré de l’univers cinématographique, joue avec la barrière entre le public et la scène. Son oeuvre relève d’un théâtre physique et porte un regard aigu sur la société.